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Le jour du Souvenir : se souvenir, comprendre, transmettre

11 novembre 2025

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  • Études sociales M à 6 - Ressources

Le jour du Souvenir est bien plus que la récitation du célèbre poème In Flanders Fields. C’est un moment pour réfléchir à ce que les guerres ont laissé comme traces dans nos familles, nos communautés et notre identité canadienne.

 

AU CHAMP D’HONNEUR

Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parmesés de lot en lot
Auprès des croix, et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.

Nous sommes morts,
Nous qui songions la veille encor’
à nos amis,
C’est nous qui reposons ici,
Au champ d’honneur.

À vous jeunes désabusés,
À vous de porter l’oriflamme
Et de garder au fond de l’âme
Le gout de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d’honneur.

John McCrae
Flanders, 1915

IN FLANDERS FIELDS

In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row,
That marks our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.

We are the Dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved, and were loved, and now we lie
In Flanders fields.

Take up our quarrel with the foe;
To you from failing hands we throw
The torch; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields.

John McCrae
Flanders, 1915

 

 

 

Innover, résister et se transformer


Durant la Première Guerre mondiale, le Canada, encore jeune pays, s’est distingué par sa résilience et sa capacité d’innovation. On y a vu l’apparition du char d’assaut, de l’aviation militaire, de la radio sans fil et des progrès médicaux majeurs comme les premières transfusions sanguines sur le champ de bataille. Ces avancées ont non seulement changé la guerre, mais aussi façonné le Canada moderne.

Plus de 600 000 Canadiens ont servi, dont des milliers de francophones et de membres des Premières Nations, souvent enrôlés malgré des politiques d’exclusion. Leur courage et leur contribution ont joué un rôle essentiel dans l’affirmation du Canada sur la scène internationale.

 

De Vimy à Juno : l’héritage canadien


  L’an dernier, j’ai eu la chance de visiter plusieurs sites commémoratifs en France et en Belgique, notamment Ypres, le Mémorial national du Canada à Vimy et le Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer. Marcher sur ces terres chargées d’histoire, où tant de jeunes Canadiens – anglophones, francophones et autochtones – ont combattu côte à côte, m’a profondément émue.

 

Ces lieux rappellent la bravoure des soldats du Corps canadien à Vimy en 1917 et celle des troupes du Jour J à Juno Beach le 6 juin 1944. Ils témoignent d’un esprit de coopération et de détermination qui dépasse les clivages linguistiques et culturels.  

 

La Seconde Guerre mondiale : un pays mobilisé


Lors de la Seconde Guerre mondiale, plus d’un million de Canadiens ont servi. Le pays s’est mobilisé sur tous les fronts : production de munitions, de véhicules, de navires et de vivres pour les Alliés. Le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique, mis sur pied au Canada, a formé des milliers de pilotes et d’équipages alliés.

Les femmes ont joué un rôle déterminant : infirmières, mécaniciennes, codeuses, conductrices d’ambulance et travailleuses d’usine. Leur contribution a transformé la société canadienne et ouvert la voie à de nouvelles avancées sociales et économiques.

Les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont eux aussi répondu à l’appel : plus de 12 000 Autochtones ont servi malgré les discriminations et l’absence de droits de citoyenneté. Leur engagement pour la liberté et la paix mérite aujourd’hui toute notre reconnaissance.

 

Le français comme passerelle vers la mémoire vivante


Le ministère des Anciens Combattants du Canada offre aux jeunes bilingues la possibilité de travailler au Mémorial de Vimy et au Centre Juno Beach : une expérience unique pour vivre l’Histoire au cœur même des lieux où elle s’est écrite. C’est une belle raison d’apprendre et de garder son français vivant !

 

Des albums jeunesse pour aborder un sujet lourd et délicat


Je ne pouvais pas me passer de vous suggérer quelques albums jeunesse qui permettent d’aborder avec sensibilité le thème du jour du Souvenir et de la guerre en classe. Ces œuvres touchantes aident les élèves à réfléchir à la paix, à la tolérance et à la mémoire collective :

  • L’ennemiDavide Cali et Serge Bloch : un album percutant sur la peur de l’autre, la guerre vue de chaque côté de la tranchée.

  • Jules et Jim : frères d’armesJacques Goldstyn : une histoire d’amitié et de courage au cœur de la Première Guerre mondiale.

  • Semer des soleilsAndrée Poulin : un roman illustré sur la guerre, l’espoir et la résilience.

  • Sergent BillyMireille Messier et Kass Reich : inspiré d’une histoire vraie, celle d’une chèvre mascotte d’un bataillon canadien pendant la Première Guerre mondiale.

  • Quand ils sont venusAndrée Poulin et Sophie Casson : un récit bouleversant sur la perte, la peur et la force de l’entraide en temps de guerre.

Ces albums, à la fois accessibles et profonds, offrent aux élèves un espace pour comprendre et ressentir — un point de départ idéal pour des discussions sur la paix, la solidarité et la mémoire.

 

Des pistes pédagogiques pour donner du sens


Pour guider la réflexion en classe, je vous suggère également trois fiches pédagogiques développées par le Consortium, qui, bien qu’elles n’abordent pas directement la thématique du jour du Souvenir, peuvent inspirer la façon d’aborder ce sujet délicat avec les élèves :

Ces fiches invitent à ancrer l’enseignement dans le vécu et l’identité des élèves — une approche essentielle pour donner du sens à la commémoration et relier la mémoire collective à la vie quotidienne des enfants.

 

Se souvenir pour comprendre notre présent


Se souvenir, ce n’est pas seulement honorer le passé : c’est aussi comprendre notre présent. Les deux guerres mondiales ont façonné un Canada plus indépendant, plus juste et plus conscient de sa responsabilité envers la paix.

En cette journée du Souvenir, invitons nos élèves à découvrir ces histoires humaines — de courage, de résilience et de solidarité — et à réaliser que le français, langue de mémoire et de partage, fait pleinement partie de ce patrimoine vivant.

 

Article écrit par Elyse Morin, Consultante pédagogique en français langue première et immersion, études sociales et mathématiques pour le Consortium provincial francophone

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